Titre Original : Fooled by Randomness
Auteur : Nassim Nicholas Taleb
Traductrice : Carine Chichereau
Edition : Les Belles Lettres, 2005
ISBN : 2-251-44297-9
Nombre de pages : 354
Prix : 21 euros
Sommes-nous vraiment capables de distinguer le génie visionnaire de l'imbécile chanceux ?
Pourquoi nous obstinons-nous à vouloir trouver des messages sensés dans des évènements dus au seul hasard ?
Et n'aurions-nous pas une fâcheuse tendance à ordonner le réel selon une routine mentale biaisée, plutôt que de le voir tel qu'il est, avec toute son incertitude ?
S'insipirant de disciplines aussi diverses que la littérature, la philosophie, la théorie des probabilités, la science cognitive et la finance, Nassim Nicholas Taleb montre comment notre esprit nous conduit à voir le monde, et en particulier les mécanismes de la Bourse, comme beaucoup plus prévisible qu'il ne l'est...
Nassim Nicholas Taleb étaye sa démonstration sur maintes anecdotes significatives et analyse la pensée et les actes d'individus qui ont su, chacun à sa manière, comprendre la chance : Karl Popper, le philosophe du savoir, Solon, l'homme le plus sage de la Grèce, le financier George Soros ou le voyageur Ulysse, nous emmenant de la cour de Crésus à la salle des marchés de Wall Street via la méthode de Monte Carlo et la roulette russe...
Réflexion essentielle, mais écrite avec un humour constant, ce livre remet en cause nos idées reçues sur nos représentations du monde et nous montre comment, malgré notre ignorance du hasard sauvage qui gouverne l'univers, nous pouvons quand même y vivre bien.
Après plus de vingt années passées dans les plus prestigieuses sociétés financières de Wall Street, Nassim Nicholas Taleb a fondé sa propre firme de trading et soutenu un doctorat en économie à Paris-Dauphine ; il enseigne les sciences de l'incertitude aux universités de New York et du Massachussetts, et parcourt le monde à la rencontre de ses innombrables lecteurs et de philosophes dissidents.
Vendu à plus de 200 000 exemplaires aux Etats-Unis, Le hasard sauvage a été traduit en dix-sept langues. Entièrement revu par l'auteur, cette traduction française est l'édition définitive de l'ouvrage.
Prendre la connaissance moins au sérieux
Ce livre est une synthèse : d'une part, il y a le professionnel de l'incertitude, pourfendeur d'absurdités, qui a toute sa vie essayé de ne pas se laisser duper par le hasard et de résister aux émotions qu'engendrent les résultats aléatoires ; d'autre part, il y a cet être épris d'esthétique et de littérature, prompt à se laisser berner par n'importe quelle inconséquence si elle est élégante, raffinée, originale et de bon goût. Je ne suis pas capable de me soustraire aux pièges du hasard : tout ce que je peux faire, c'est le cantonner au domaine où il m'apporte une satisfaction esthétique.
Tout cela me vient droit du cœur : ce livre est un essai personnel principalement axé sur mes propres réflexions, mes batailles, et certaines observations issues de mon expérience en matière de prise de risque. Il ne s'agit pas d'un traité, et encore moins d'un rapport de vulgarisation scientifique (loin de moi cette pensée ! Les idées de cet ouvrage sont primaires, et non des reformulations secondaires). J'ai écrit ce livre pour le plaisir, et je souhaite avant tout qu'il soit lu comme tel. On a beaucoup publié ces dix dernières années sur les biais (innés ou acquis) qui entrent en jeu quand on prend des décisions dans des conditions d'incertitude. En commençant cet ouvrage, je m'étais donné pour règle de ne parler : primo de rien, concernant le hasard, que je n'aie constaté par moi-même, ou sur quoi je n'aie fait des recherches personnelles ; secundo d'aucun sujet que je ne maîtrise suffisamment pour être à même d'en parler sans effort. J'ai systématiquement éliminé tout ce qui, de près ou de loin, ressemblait à du travail. J'ai expurgé mon texte des passages qui sentaient trop la bibliothèque, y compris des noms de scientifiques connus. J'ai tenté de ne pas utiliser de citation qui ne me vienne de mémoire et qui ne soit d'un auteur que je fréquente intimement depuis des années (je déteste la pratique qui consiste à user au hasard d'une sagesse d'emprunt - je reviendrai plus tard amplement sur ce sujet). Aut tace aut loquere meliora silencio (seulement quand les mots sont meilleurs que le silence).
L'EDITION FRANÇAISE
Le titre anglais de ce livre (« Fooled by Randomness ») est né à Paris, sur un slogan conçu initialement en langue française. En 1999, le professeur Rama Cont m'a invité à faire un exposé aux petits déjeuners de l'Ecole polytechnique. Je n'avais pas la moindre idée de quel sujet choisir et, quand le professeur Cont m'a demandé mon titre, j'ai annoncé spontanément « dupes du hasard », une phrase sortie toute seule pendant la conversation téléphonique. Le matin de ma présentation, en avril de cette année-là, j'ai parlé sans ambages, pendant près d'une heure, mes inhibitions enlevées par la fatigue du décalage horaire. J'avais des cadres en face de moi, et je ne me suis pas privé de leur expliquer qu'ils avaient dû sous-estimer le rôle de la chance, malgré toutes leurs techniques et leurs calculs (en général mon message dérange les gens, et j'ai dû les froisser quelque peu). En rentrant à New York, sans faire attention, j'ai mis « Fooled by Randomness », la traduction anglaise de « dupes du hasard » en tête d'une page blanche, et je me suis mis à écrire. Je n'ai pu m'arrêter qu'une fois le livre fini : il s'est écrit tout seul.
La première édition me semblant un peu hâtive, j'ai décidé de la compléter avant de la faire traduire en français. Le fait (surprenant) que mon livre soit lu par une masse de personnes ne me convainquait pas qu'il soit celui que j'avais voulu écrire. Ma dette envers l'école française de probabilité était telle que je ne pouvais la trahir en publiant un ouvrage aussi incomplet - j'imaginais mes « vrais » lecteurs, c'est-à-dire mes maîtres, les professeurs Hélyette Geman (ma directrice de thèse) et Nicole Elkaroui, ou mon collaborateur Raphaël Douady lisant le texte. Je ne me sentais pas à la hauteur.
En dehors des probabilités, le fait que j'aie passé une partie de mon enfance dans un lycée français a aussi dû jouer un rôle dans ma peur de voir un travail incomplet traduit en français. À propos des lycées français,je dois faire observer une chose curieuse. Lejour de mon anniversaire en 2004, je me suis offert un déjeuner avec les deux grands spécialistes de l'incertitude : le psychologue de l'incertitude Daniel Kahneman, qui venait de recevoir le Nobel, et le grand mathématicien Benoît Mandelbrot. Il ne manquait que Karl Popper à cette réunion. Mandelbrot était devenu mon maître à penser en matière d'incertitude sauvage mais domesticable ; je lui dédiai mon ouvrage suivant, et lui fis rencontrer mon héros, Daniel Kahneman. C'est alors que nous nous sommes rendu compte de ce fait étrange : nous avions tous les trois passé des années d'enfance sur les bancs d'un lycée français !
Je dois beaucoup à la patience de Carine Chichereau, à son intégrité et à sa conscience de traductrice. Je remercie aussi Catherine Danison-Guillet pour sa collaboration. Je sais gré également à Michel Desgranges et à Bill Bonner de leur enthousiasme et de m'avoir fait l'honneur de m'accueillir parmi les membres de l'écurie des Belles Lettres1.
LE SUCCES VA AU SUCCES
J'espère faire de ce livre un objet vivant, reflet de mon évolution personnelle et d'idées nouvelles, au lieu d'en faire un tout autre livre. Chose étrange, j'ai réfléchi à certaines sections de ce livre bien davantage après sa première publication qu'en l'écrivant, notamment à propos des deux points suivants : d'une part les mécanismes qui poussent notre cerveau à considérer le monde comme beaucoup moins soumis aux lois du hasard qu'il ne l'est en réalité ; d'autre part le « point de bascule », ce type d'incroyable incertitude qui provoque d'énormes déviations (les événements rares nous apprennent à chaque fois un peu plus dans quel monde nous vivons, tout en restant aussi contre-intuitifs qu'ils l'étaient pour nos ancêtres). La présente édition reflète le glissement progressif de l'auteur qui étudie de moins en moins le hasard (il est si difficile d'en apprendre quoi que ce soit) et de plus en plus la façon dont celui-ci parvient à duper les gens.
Autre phénomène : comment ce livre a transformé son auteur. Alors que je commençais à « vivre » mon propre ouvrage après l'avoir écrit, le hasard m'est apparu là où je m'y attendais le moins. C'est comme s'il existait deux planètes : celle sur laquelle nous vivons, et celle sur laquelle les gens sont convaincus de vivre, qui est considérablement plus déterministe. C'est aussi simple que cela: les événements passés auront toujours l'air moins aléatoires qu'ils ne l'étaient (c'est ce qu'on appelle le « biais de rétrospection »). Plus j'écoutais les gens parler de leur passé, plus je comprenais qu'il s'agissait en grande partie d'explications illusoires concoctées a posteriori. Cela m'était parfois insupportable : quand j'observais les chercheurs en sciences sociales (en particulier en économie) et les investisseurs, j'avais l'impression d'avoir des fous en face de moi. Vivre dans le monde réel peut s'avérer douloureux, surtout quand on s'aperçoit que les paroles des autres vous en apprennent plus sur eux que sur le sujet concerné. Ainsi ce matin, dans la salle d'attente de mon dentiste, j'ai lu dans un numéro de Newsweek un article sur un éminent homme d'affaires, dans lequel le journaliste parlait notamment de sa capacité à « prendre les bonnes décisions au bon moment ». Au fil de la lecture, je me suis rendu compte que j'établissais une liste des préjugés de l'auteur, au lieu d'enregistrer l'information qu'il donnait dans l'article lui-même - article qu'il n'était pas possible de prendre au sérieux. (Pourquoi la plupart des journalistes ne réussissent-ils pas à comprendre qu'ils en savent beaucoup moins qu'ils ne le pensent ? II y a cinquante ans de cela, des chercheurs ont étudié le phénomène des « experts » qui n'apprenaient rien de leurs échecs passés. On peut très bien passer sa vie à se tromper dans ses prédictions, et continuer à penser qu'on aura raison la fois suivante.)
INSÉCURITÉ ET PROBABILITÉ
Je crois que ma profonde insécurité intellectuelle est la qualité que je dois protéger et cultiver le plus. Voici ma devise : Une grande partie de mes loisirs consiste à taquiner et à rendre furieux ceux qui se croient importants et prennent ce qu'ils savent trop au sérieux. Cultiver une telle insécurité, et non sa confiance intellectuelle, peut sembler étrange - et difficile à mettre en pratique. Pour y parvenir, il faut s'affranchir de cette tradition récente qui consiste à avoir des certitudes intellectuelles. Un de mes lecteurs, avec qui j'ai établi une correspondance fructueuse, m'a fait redécouvrir Montaigne. Je me suis aussitôt vivement intéressé aux conséquences de la différence entre Montaigne et Descartes - et à la façon dont nous nous sommes égarés en suivant Descartes dans sa quête de certitudes. Il ne fait aucun doute que nous avons bridé notre esprit en préférant le modèle de pensée formelle de Descartes au jugement vague et informel (mais critique) de Montaigne. Un demi-millénaire plus tard, c'est le Montaigne introspectif sévère qui s'offre en modèle au penseur moderne. Sans compter que l'homme avait un courage exceptionnel : il faut en effet une certaine bravoure pour rester sceptique ; il faut une force d'âme hors du commun pour se livrer à la méditation, se confronter à soi-même, et accepter ses propres limites - les scientifiques trouvent de plus en plus de preuves indiquant que la nature nous a conçus pour que nous nous dupions nous-mêmes.
Il existe de nombreuses façons d'aborder intellectuellement les thèmes de la probabilité et du risque - le terme « probabilité » prend des significations légèrement différentes selon les disciplines dans lesquelles les gens travaillent. Dans ce livre, il est invariablement employé dans son sens qualitatif et littéraire, et non quantitatif et « scientifique » (ce qui explique la mise en garde contre les économistes et les professeurs de finance, puisqu'ils ont tendance à croire dur comme fer qu'ils détiennent un savoir, et un savoir utile qui plus est). Ce terme découle ici du « problème de l'induction » de Hume (ou de l'inférence du particulier au général d'Aristote), et s'oppose au paradigme présent dans les livres focalisés sur les dimensions ludiques du sujet. Dans cet ouvrage, la probabilité se présente donc principalement comme une branche du scepticisme appliqué, et non comme une discipline pratique scientifique (malgré le traitement mathématique excessif du sujet, les problèmes liés au calcul des probabilités méritent rarement plus qu'une note de bas de page).
De quelle façon ? Les probabilités ne sont pas un simple calcul de combinaisons portant sur des dés ou autres variantes plus complexes : c'est l'acceptation du manque de certitude dans notre savoir et la mise au point de méthodes destinées à composer avec notre ignorance. Hormis dans les manuels et les casinos, les probabilités ne se présentent presque jamais sous forme de problème mathématique ou de jeu de devinette. La nature ne nous dit pas combien de cases comporte sa roulette, et ne nous donne pas non plus les énoncés des problèmes que nous devons résoudre, comme dans les manuels scolaires (dans le monde réel, c'est le problème lui-même, plus que sa solution, qu'il faut découvrir). L'essence de la pensée probabiliste exposée dans ce livre tourne autour du fait qu'un événement aurait pu avoir un autre résultat, et que le monde aurait pu être différent. En fait, je me bats depuis le début de ma carrière contre l'utilisation quantitative des probabilités. Alors que les chapitres 13 et 14 (sur le scepticisme et le stoïcisme) contiennent à mon avis les idées maîtresses de cet ouvrage, la plupart des gens se sont focalisés sur les exemples d'erreurs de calcul de probabilité présentés dans le chapitre 11 (clairement, et de loin, le chapitre le moins original, et dans lequel j'ai condensé toute la littérature existante sur les distorsions cognitives). En outre, même si nous comprenons un peu les probabilités dans les sciences fondamentales, et en particulier en physique, nous n'en savons pas grand-chose dans le domaine des « sciences » sociales comme l'économie et la sociologie, par exemple, et cela malgré des bataillons d'experts.
HONNEUR AUX LECTEURS (ENFIN, À CERTAINS)
Dans ce livre, j'ai tâché d'utiliser le moins possible mon expérience de trader mathématique. Le fait de travailler sur les marchés m'a seulement servi d'inspiration - il ne fait pas de ce livre (contrairement à ce que beaucoup ont pensé) un guide sur le hasard dans le domaine des marchés, pas plus que l'Iliade n'est un manuel d'instruction militaire. Seuls trois des quatorze chapitres ont pour contexte le monde de la finance. Les marchés ne sont qu'un exemple de terrain où le hasard nous tend des pièges - mais ils sont de loin l'exemple le plus intéressant car la chance y joue un rôle très important (cet ouvrage aurait été bien plus court si j'avais été taxidermiste ou traducteur d'étiquettes pour marques de chocolat). En outre, le type de chance que l'on rencontre dans le monde de la finance est de ceux que personne ne comprend, mais que la plupart des professionnels croient comprendre, ce qui nous permet d'observer de près le phénomène des distorsions intellectuelles. J'ai utilisé les analogies avec le marché uniquement pour illustrer mon propos, comme je le ferais lors d'un dîner en compagnie d'un cardiologue manifestant une certaine curiosité intellectuelle (j'ai pris comme modèle mon ami de longue date, Jacques Merab).
J'ai reçu pléthore de courriels à l'occasion de la première édition de ce livre, rêve de tout essayiste puisqu'une telle dialectique vous met dans les conditions idéales pour écrire une seconde édition. J'ai exprimé ma gratitude en répondant une fois à chacun de ces correspondants. J'ai inséré quelques-unes de mes réponses dans certains chapitres. Comme je passe souvent pour un iconoclaste, j'attendais de pied ferme des courriers agressifs du genre « qui êtes-vous pour juger Warren Buffett » ou « vous enviez son succès » : quelle déception de constater que la plupart des lettres dans lesquelles je me faisais éreinter sont parues, anonymes, sur amazon.com (la mauvaise publicité, ça n'existe pas : certaines personnes réussissent à promouvoir votre travail justement en l'insultant avec passion).
Je me suis donc consolé de cette absence d'attaque grâce aux lettres de lecteurs qui se sentaient légitimés par mon livre. Les courriers les plus gratifiants sont venus de gens qui ont du mal à s'en sortir: ils se sont basés sur ce livre pour expliquer à leur conjoint qu'ils avaient eu moins de chance que leur beau-frère (et non qu'ils étaient moins doués). La lettre la plus touchante m'a été envoyée par un homme vivant en Virginie, qui en l'espace de quelques mois a perdu son travail, sa femme, sa fortune, et s'est retrouvé au centre d'une enquête menée par la redoutable Securities and Exchange Commission (la Commission des opérations de bourse américaine). Seul son stoïcisme lui a permis de reprendre le dessus. Ma correspondance avec un lecteur touché par un cygne noir (autrement dit un événement aléatoire inattendu et aux répercussions terribles - la perte d'un bébé) m'a poussé à me plonger quelque temps dans les ouvrages traitant des difficultés que l'on rencontre après la survenue d'événements aléatoires gravissimes (domaine également dominé, et ce n'est pas une coïncidence, par Daniel Kahneman, pionnier de la recherche sur les comportements irrationnels en période d'incertitude). Je dois avouer que je ne me suis jamais particulièrement senti utile à qui que ce soit (excepté à moi-même) lorsque je travaillais comme trader ; en revanche, endosser le rôle d'essayiste m'est apparu vivifiant et utile !
TOUT OU RIEN
Revenons sur quelques méprises concernant le message de ce livre. De la même façon que notre cerveau a du mal à discerner les nuances probabilistes (cela vaut pour la simplification excessive de l'expression « tout ou rien »), il a été difficile d'expliquer que le message, ici, était : « C'est plus aléatoire qu'on ne le pense » ; plutôt que : « Tout est aléatoire. » Je me suis retrouvé en position d'accusé : « Taleb est un sceptique, qui pense que tout est le fruit du hasard, et que les gens qui réussissent ont simplement de la chance. » Le symptôme « dupé par le hasard » a même affecté un débat organisé par la Cambridge Union Society, qui avait fait l'objet d'une bonne publicité, et à l'occasion duquel mon argument « La plupart des cracks de la City sont des nigauds chanceux » est devenu « Tous les cracks de la City sont des nigauds chanceux » (bien évidemment, j'ai perdu le débat au profit du redoutable Desmond Fitzgerald. Ce fut l'une des discussions les plus divertissantes que j'aie jamais eues -j'ai même été tenté de changer de camp!). De même que l'on prend l'irrévérence pour de l'arrogance (comme je l'ai remarqué au sujet du message de ce livre), les gens confondent scepticisme et nihilisme.
Je m'explique : bien sûr que la chance sourit à ceux qui s'y sont préparés ! Le travail, la ponctualité, une chemise propre (blanche de préférence), l'utilisation de déodorant et autres conventions de ce genre contribuent au succès - elles sont même nécessaires, c'est certain, mais sans doute insuffisantes, car ce ne sont pas elles qui sont la véritable cause du succès. Le même raisonnement s'applique aux valeurs conventionnelles comme la persistance, la ténacité, la persévérance: elles sont nécessaires, sans le moindre doute. Si on veut gagner à la loterie, il faut aller acheter un billet. Cela signifie-t-il que c'est l'effort fourni pour se déplacer jusque chez le commerçant qui nous a fait gagner ? Bien sûr les compétences ont leur importance, mais elles le sont beaucoup moins dans les professions hautement aléatoires que chez le dentiste.
Non, je ne suis pas en train de dire que la notion d'éthique de travail que vous a transmise votre grand-mère est caduque ! Qui plus est, étant donné que la plupart des succès sont dus à un nombre très limité de « perspectives d'ouverture », ne pas en profiter quand ces dernières se présentent peut être mortel pour une carrière. Il faut savoir saisir la chance !
Vous avez dû remarquer la façon dont notre cerveau inverse parfois le sens de la flèche de la causalité. Supposez que certaines qualités causent effectivement le succès. Quand on part de ce postulat - et même si, de façon intuitive, il paraît juste de le penser -, le fait que toute personne intelligente, travailleuse et persévérante réussisse n'implique pas que toute personne qui réussit soit nécessairement intelligente, travailleuse et persévérante (il est remarquable de constater qu'un sophisme aussi primitif - l'affirmation du conséquent - puisse venir de personnes par ailleurs très intelligentes, un point que j'aborde dans la présente édition sous l'étiquette « deux façons de raisonner »).
Les recherches portant sur le succès ont pris un tournant qui leur a ouvert la porte des librairies, car les auteurs de ces études donnent désormais des conseils : « Voici ce qui caractérise un millionnaire. Si vous voulez avoir autant de succès qu'eux, faites ci, faites ça... » L'un des auteurs du malencontreux The Millionaire Next Door (dont je parle au chapitre 8) a écrit un livre encore plus insensé intitulé L'esprit millionnaire. Il y fait remarquer que, sur les mille sujets de son étude, la plupart n'étaient pas des enfants particulièrement brillants ; il en infère que ce ne sont pas les qualités avec lesquelles on naît qui nous font devenir riche, mais plutôt avec le travail. On pourrait naïvement en conclure à notre tour que la chance ne joue aucun rôle dans le succès. Pour ma part, je dirais de façon intuitive que, si ces millionnaires sont doués de qualités proches de celles de la moyenne de la population, cela signifie (même si cette interprétation est plus dérangeante) que, dans leur cas, la chance a effectivement joué un rôle. La chance est démocratique et touche tout le monde, quels que soient les dons naturels de la personne. L'auteur de L'esprit millionnaire, lui, aurait remarqué chez les individus qu'il a étudiés des degrés de ténacité et d'endurance au travail différents du reste de la population : autre confusion entre le nécessaire et le causal. Dire que tous les millionnaires sont des travailleurs acharnés et persévérants n'implique pas nécessairement que les travailleurs acharnés et persévérants deviennent des millionnaires. Les exemples sont légion d'entrepreneurs qui ont échoué alors qu'ils étaient des travailleurs acharnés et persévérants. Exemple classique d'empirisme naïf, l'auteur s'est aussi penché sur les caractéristiques que ces millionnaires avaient en commun et en a déduit qu'ils partageaient tous le goût du risque. Bien évidemment, prendre des risques est nécessaire pour obtenir de grands succès - mais c'est aussi nécessaire pour échouer. Si l'auteur avait étudié de la même façon les citoyens en situation de faillite financière, il aurait certainement découvert qu'ils avaient tous une prédilection pour la prise de risque.
Certains lecteurs (ainsi que les maisons d'édition uniquement capables d'imiter les autres - heureusement que j'ai eu la chance de trouver l'éditeur Texere) m'ont demandé « d'étayer mes affirmations » en « fournissant des données », graphiques, courbes, diagrammes, graphes, tableaux, nombres, recommandations, chronogrammes, etc. Ce livre est un ensemble de réflexions fondées sur la pensée logique, pas une dissertation en économie. La logique ne nécessite pas de vérification empirique (voici, encore une fois, ce que j'appelle le « sophisme en boucle » : c'est une erreur d'utiliser des statistiques sans avoir recours à la logique comme le font les journalistes et certains économistes, pas l'inverse : ce n'est pas une erreur d'utiliser la logique sans les statistiques). Si je m'imagine que mon voisin doit sa réussite en partie à la chance - peu importe dans quelle mesure - étant donné la nature aléatoire de sa profession, je n'ai aucun besoin de « tester » cette affirmation : la métaphore de la roulette russe le fera d'elle-même. La seule chose qu'il me faille montrer, c'est l'existence d'une possibilité alternative à la théorie selon laquelle mon voisin serait un génie. Je peux le faire en prenant un échantillon de personnes intellectuellement limitées et en montrant qu'une minorité d'entre elles peut réussir dans les affaires - et c'est alors cette minorité qui sera visible. Je ne dis pas que Warren Buffett n'a aucun talent ; je dis seulement que, sur un grand nombre d'investisseurs agissant au hasard, il est presque nécessaire que l'un d'eux obtienne les mêmes résultats uniquement grâce à la chance !
UNE FARCE RATEE
Malgré ma défiance agressive à l'égard du journalisme de masse, j'ai été à ma grande surprise invité à des émissions de radio et de télévision, aux États-Unis et en Europe (ainsi ai je participé, entre autres, sur une radio de Las Vegas, à un dialogue de sourds2 hilarant tout au long duquel le journaliste et moi-même n'avons jamais parlé de la même chose). Personne ne m'ayant protégé de moi-même, j'ai accepté ces interviews. Chose étrange, il est nécessaire d'avoir recours à la presse pour transmettre le message que les médias sont nocifs. Ces émissions m'ont donné l'impression d'être un imposteur débitant des phrases toutes faites et insipides, mais je me suis quand même bien amusé à jouer ce rôle.
Peut-être ai-je été invité parce que ces journalistes grand public n'avaient pas lu mon livre, ou bien qu'ils n'avaient pas compris les insultes qu'il contenait (ils n'ont « pas le temps » de lire les livres), alors que les journalistes indépendants, eux, ne l'avaient que trop bien lu et s'en étaient trouvés confortés dans leur point de vue. J'ai quelques anecdotes à ce sujet. Ayant entendu parler de « ce Taleb qui dit que les analystes boursiers ne sont que des prévisionnistes au petit bonheur la chance », les réalisateurs d'une émission de télévision connue se sont empressés de me demander de venir présenter mes idées sur leur plateau. En contrepartie, il me fallait donner trois conseils boursiers pendant l'émission, pour prouver mon « expertise ». Je n'ai pas accepté l'invitation, et j'ai raté l'occasion d'un bon canular - en effet, j'aurais pu m'amuser à démontrer de façon convaincante la valeur de trois actions que j'aurais choisies complètement au hasard.
Au cours d'une autre émission de télévision, j'ai dit: « Les gens pensent toujours qu'il y a une "histoire" là où il n'y en a pas. » Je parlais du caractère aléatoire de la bourse et de la logique rétrospective qu'on applique toujours aux événements après coup. Aussitôt le présentateur m'a interrompu : « On a parlé d'"histoires" chez Cisco ce matin. Quels sont vos commentaires? » Mieux encore : invité à un débat dans le cadre d'une émission financière radiophonique (les producteurs n'avaient pas dû lire mon chapitre 11), on m'a prié, quelques minutes avant le début de l'enregistrement, de ne pas trop mentionner les idées que je développais dans mon livre, étant donné qu'on m'avait fait venir pour parler des échanges boursiers et pas du hasard (j'aurais pu, là aussi, monter un bon canular, mais je n'étais pas assez préparé et j'ai décidé de quitter le plateau avant le début de l'émission).
La plupart des journalistes ne prennent pas vraiment les choses au sérieux : après tout, leur métier est plus proche du divertissement que de la recherche de la vérité, surtout à la radio et la télévision. Le secret consiste à éviter ceux qui n'ont pas conscience de faire du divertissement (à l'image de George Will, que je mentionne dans le chapitre 2) et se considèrent comme de véritables penseurs.
Mon livre s'est heurté à un autre problème : celui de l'interprétation par les médias. « Ce Nassim dit que les marchés sont aléatoires, donc soyons baissiers. » Aussitôt je suis devenu le porte-parole involontaire de messages catastrophistes. Comme quoi les « cygnes noirs », ces déviations rares et inattendues, peuvent s'avérer à la fois positifs et négatifs.
Quoi qu'il en soit, le journalisme de masse est moins standardisé qu'il n'y paraît. Il attire aussi une part significative de personnes réfléchies qui parviennent à s'arracher au système commercial friand de « petites phrases », pour s'intéresser réellement au message sans courir après l'audimat. Je ferai une observation naïve, suscitée par mes conversations avec Ojo Anandi (NPR), Robin Lustig (BBC), Robert Sculley (PBS) et Brian Lehrer (WNYC) : le journaliste indépendant est une race d'intellectuels complètement à part. Soit dit en passant, la qualité de la discussion est inversement proportionnelle au confort des studios d'enregistrement: ceux de WNYC (j'ai bien senti les efforts de Brian Lehrer pour comprendre mes arguments) sont les plus miteux que j'aie jamais vus à l'ouest du Kazakhstan.
Dernier commentaire : mon style. J'ai voulu qu'il demeure aussi personnel que dans la première édition. Homo sum, en bien et en mal. Je suis faillible, et je ne vois aucune raison de dissimuler mes petits défauts puisqu'ils font partie de ma personnalité (pas plus que je n'ai envie de me mettre une perruque quand on me prend en photo, ou d'emprunter le nez de quelqu'un quand je dois montrer le bout du mien). Presque tous les éditeurs m'ont suggéré de modifier la syntaxe de mes phrases (pour « améliorer » mon style) et la structure du texte (au niveau de l'organisation des chapitres) : à quelques exceptions près, je n'en ai pas tenu compte, etj'ai découvert ensuite qu'aucun de mes lecteurs ne jugeait ces changements nécessaires - en fait, je trouve que l'apport de la personnalité de l'auteur (imperfections comprises) rend un texte plus vivant. L'industrie du livre souffrirait-elle du classique « syndrome de l'expert » qui établit des règles générales n'ayant aucune validité dans la réalité ? Après avoir été lu par plusieurs centaines de milliers de lecteurs, j'ai découvert qu'on n'écrivait pas les livres pour les éditeurs.
1. Je souhaite également remercier Alain Kruger, Pascal Boulard, Guy et Dominique Rivière pour les commentaires sur l'édition française.
2. En français dans le texte (N.d.T.).
Préface | 9 | ||
Résumé des chapitres | 21 | ||
Prologue | |||
« Une mosquée à la place d'une usine | 25 | ||
Note de la traductrice | 33 | ||
PREMIÈRE PARTIE: L'AVERTISSEMENT DE SOLON | 35 | ||
Chapitre 1 : Si vous êtes si riche, pourquoi n'êtes-vous pas plus intelligent ? | 39 | ||
Nero Tulip | 39 | ||
Coup de foudre | 39 | ||
Lucidité passagère | 40 | ||
Modus operandi | 42 | ||
Pas d'amour du travail | 44 | ||
II y a toujours un secret | 45 | ||
John, le trader sur titres à haut rendement | 46 | ||
Un plouc trop bien payé | 47 | ||
L'été de tous les dangers | 49 | ||
Hasard et sérotonine | 50 | ||
Votre dentiste est riche, très riche | 52 | ||
Chapitre 2 : Une curieuse façon de compter | 55 | ||
Une histoire alternative | 55 | ||
La roulette russe | 56 | ||
Les mondes possibles | 57 | ||
Une roulette encore plus vicieuse | 58 | ||
De bonnes relations avec ses pairs | 59 | ||
Sauvé par Aéroflot | 61 | ||
Solon chez Régine | 63 | ||
George Will n 'est pas Solon : des vérités contre-intuitives | 65 | ||
Les débats humiliants | 68 | ||
Un autre genre de séisme | 68 | ||
Proverbes | 70 | ||
Gestionnaire de risque | 7l | ||
Épiphénomène | 72 | ||
Chapitre 3 : Méditation mathématique sur l'histoire | 75 | ||
Play-boy et mathématicien | 75 | ||
Les outils | 76 | ||
La méthode Monte Carlo | 78 | ||
Récréation dans le grenier | 80 | ||
Faire l'histoire | 80 | ||
Des zorglubs plein le grenier | 81 | ||
Déni de l'histoire | 83 | ||
Le four est chaud | 83 | ||
Le don de prédire le passé | 85 | ||
Mon Solon | 87 | ||
La pensée filtrée | 89 | ||
Des nouvelles ahurissantes | 89 | ||
Shiller version longue | 91 | ||
Gérontocratie | 93 | ||
Philostrate et Monte Carlo: de la différence entre bruit et information | 94 | ||
Chapitre 4 : Hasard, inepties et intellectuels scientifiques | 99 | ||
Le hasard et le verbe | 99 | ||
Le test de Turing inversé | 101 | ||
Le père des pseudo-intellectuels | 103 | ||
La poésie Monte Carlo | 103 | ||
Chapitre 5 : Les moins adaptés survivent. L'évolution peut-elle se laisser duper par le hasard ? | 107 | ||
Carlos, magicien des marchés émergents | 107 | ||
Les années fastes | 110 | ||
Plus dure sera la chute | 111 | ||
Au fond du gouffre | 112 | ||
John, le trader sur titres à haut rendement | 114 | ||
Le physicien qui connaissait les équations et les ordinateurs | 115 | ||
Points communs | 117 | ||
Constantes chez les traders dupés par le hasard | 118 | ||
De naïves théories évolutionnistes | 120 | ||
L'évolution peut-elle se laisser duper par le hasard ? | 122 | ||
Chapitre 6 : Distorsion et asymétries | 123 | ||
« La médiane n'est pas le message | 123 | ||
Etes-vous haussier ou baissier ? | 125 | ||
Un jeune fils arrogant | 127 | ||
Les événements rares | 128 | ||
Science et symétrie | 129 | ||
Presque tout le monde est au-dessus de la moyenne | 130 | ||
L'événement rare trompeur | 133 | ||
La mère de toutes les erreurs | 133 | ||
Pourquoi les statisticiens ne parviennent-ils pas à détecter les événements rares ? | 136 | ||
Un gamin malicieux remplace les boules noires | 137 | ||
Chapitre 7 : Le problème de l'induction | 141 | ||
De Bacon à Hume | 141 | ||
Cygnus atratus | 142 | ||
Niederhoffer | 142 | ||
La promotion de sir Karl | 146 | ||
Le lieu | 149 | ||
La réponse de Popper | 149 | ||
La société ouverte | 152 | ||
Personne n'est parfait | 152 | ||
Mémoire et induction | 153 | ||
Le pari de Pascal | 153 | ||
Merci, Solon | 154 | ||
DEUXIÈME PARTIE: DES SINGES ET DES MACHINES À ÉCRIRE. | |||
DU BIAIS DU SURVIVANT | 157 | ||
Tout dépend du nombre de singes | 159 | ||
Une réalité vicieuse | 160 | ||
Cette partie | 161 | ||
Chapitre 8 : Trop de voisins millionnaires | 163 | ||
Comment surmonter la douleur de l'échec ? | 163 | ||
À peu près heureux | 163 | ||
Trop de travail | 164 | ||
Tu es un raté | 165 | ||
Le double biais du survivant | |||
D'autres experts | 167 | ||
Des gagnants visibles | 168 | ||
Un marché haussier | 168 | ||
Selon l'avis d'un gourou | 170 | ||
Chapitre 9 : II est plus facile de vendre et d'acheter que de faire cuire un œuf | 173 | ||
Dupé par les chiffres | 175 | ||
Des investisseurs placebos | 175 | ||
Nul besoin d'être compétent | 177 | ||
Retour à la moyenne | 178 | ||
Ergodicité | 179 | ||
La vie est un tissu de coïncidences | 180 | ||
La lettre mystérieuse | 180 | ||
Entre deux sets | 181 | ||
Le biais inverse | 181 | ||
Le paradoxe de l'anniversaire | 182 | ||
Le monde est petit ! | 182 | ||
Data mining, statistiques et charlatans | 183 | ||
C'est le meilleur livre que j'aie jamais lu ! | 184 | ||
Le backtesteur | 185 | ||
Des conséquences plus inquiétantes | 186 | ||
La saison des bénéfices: dupé par les résultats | 187 | ||
Chance comparative | 188 | ||
Guérir le cancer | 189 | ||
Le professeur Pearson à Monte Carlo (littéralement) : le hasard n'a pas l'air aléatoire | 190 | ||
Le chien qui n'aboyait pas: des biais dans la connaissance scientifique | 192 | ||
Je ne tire pas de conclusions | 192 | ||
Chapitre 10 : Le raté rafle tout. De la non-linéarité de l'existence | 195 | ||
L'effet « château de sable » | 195 | ||
Quand le hasard s'en mêle | 197 | ||
Apprendre à taper | 197 | ||
Les mathématiques : théorie et application dans la réalité | 199 | ||
La science des réseaux | 200 | ||
Notre cerveau | 201 | ||
L'âne de Buridan ou les bons côtés du hasard | 202 | ||
Quand il pleut, il tombe des cordes | 203 | ||
Chapitre 11 : Le hasard et notre cerveau : nous sommes aveugles devant les probabilités | 205 | ||
Paris ou les Bahamas ? | 205 | ||
Quelques considérations architecturales | 206 | ||
Méfiez-vous des fonctionnaires qui réfléchissent | 208 | ||
Satisfisance | 209 | ||
Pas seulement imparfaits: inadaptés | 210 | ||
Kahneman et Tversky | 210 | ||
Où est donc Napoléon quand on a besoin de lui? | 212 | ||
«Je vaux autant que ma dernière transaction » et autres heuristiques | 213 | ||
Un diplôme dans une pochette surprise | 217 | ||
Deux façons de raisonner | 218 | ||
Pourquoi on n 'épouse pas son premier flirt | 219 | ||
Notre habitat naturel | 220 | ||
Vif et fruste | 222 | ||
Du côté des neurobiologistes | 223 | ||
Kafka : le procès bis | 225 | ||
Un monde absurde | 227 | ||
Exemples de biais dans la compréhension des probabilités | 228 | ||
Aveugles face aux options | 228 | ||
Des probabilités et des médias (retour des journalistes) | 231 | ||
Déjeuner avec CNBC | 232 | ||
À présent, vous devriez être mort | 233 | ||
Explications selon Bloomberg | 234 | ||
Une méthode de filtrage | 236 | ||
Le taux de confiance | 237 | ||
Confession | 238 | ||
TROISIEME PARTIE : DE LA CIRE DANS LES OREILLES | |||
VIVRE AVEC LE HASARD | 239 | ||
Je ne suis pas assez intelligent | 241 | ||
La règle de Wittgenstein | 243 | ||
De l'Odyssée à la fonction « silence | 244 | ||
Chapitre 12 : La superstition du joueur et les pigeons dans la boîte | 247 | ||
Taxis et causalité | 247 | ||
Les pigeons de Skinner | 250 | ||
Philostrate Redux | 257 | ||
Chapitre 13: Carnéades à Rome: des probabilités et du scepticisme | 255 | ||
Carnéades s'en vient à Rome | 256 | ||
Les probabilités, filles du scepticisme | 257 | ||
Les opinions de monsieur de Norpois | 258 | ||
La « dépendance au sentier » des idées | 260 | ||
Calculer plutôt que penser | 261 | ||
De chrysanthèmes en chrysanthèmes | 264 | ||
Chapitre 14 : Bacchus abandonne Antoine | 265 | ||
A propos des funérailles dejackie O | 266 | ||
Du hasard et de l'élégance | 268 | ||
Épilogue : Solon vous avait prévenu | 271 | ||
Des dangers de circuler à Londres | 271 | ||
Trois réflexions en prenant ma douche | 273 | ||
Première réflexion : le problème de la rémunération à l'envers | 273 | ||
Deuxième réflexion: des bienfaits du hasard | 276 | ||
Du bonheur et de l'incertitude | 276 | ||
Les messages brouillés | 279 | ||
Troisième réflexion : à cloche-pied | 280 | ||
Petite escale à la bibliothèque : notes et suggestions de lecture | 283 | ||
Bibliographie | 307 | ||
Remerciements pour la première édition | 321 | ||
Remerciements pour la seconde édition | 325 | ||
Quelques mots sur l'auteur | 331 | ||
Index des noms propres | 333 | ||
Index des notions | 337 |
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