La variance passée d'un portefeuille peut se calculer aisément. Il suffit pour ce faire de calculer un historique des valeurs liquidatives du portefeuille, puis de calculer la variance de ses variations, comme si il s'agissait du cours d'une action. Vous pouvez pour ce faire vous référer au calcul de la variance.
Si nous pouvions calculer avec certitude la variance future d'un portefeuille, nous serions riches. Toutefois, si cet
objectif reste inaccessible, on peut par contre calculer la variance d'un portefeuille à partir de la proportion et
de la variance attendue de chaque titre qui le compose.
La variance d'un portefeuille est alors donnée par la formule suivante, plus imposante que complexe, rassurez-vous :
où :
Xi est la quantité de l'avoir i.
σi2 est l'écart-type des variations de l'avoir i.
Yj est la quantité de l'avoir j.
Ci,j est la covariance entre variations des avoir i et j.
On démontre que la variance d'un portefeuille est tout simplement la somme des covariances de tous les avoirs qui le composent, pris deux à deux et pondérées par la proportion de chaque avoir dans le portefeuille.
Pour la calculer, il suffit donc de prendre tous les avoirs du portefeuille deux à deux, de calculer leur covariance, de la multiplier par la proportion dans le portefeuille des deux avoirs et d'ajouter tous les résultats entre eux. Pour ce faire, on s'appuie en général sur une matrice de variances-covariances. La suite de cette page va vous montrer comment la construire et l'utiliser.
Le tableau ci-dessous représente une matrice de variances-covariances pour un portefeuille de n titres.
Titre 1 | Titre 2 | Titre 3 | ... | Titre n | |
---|---|---|---|---|---|
Titre 1 | X12 σ12 | X1Y2C1,2 | X1Y3C1,3 | ... | X1YnC1,n |
Titre 2 | X2Y1C2,1 | X22 σ22 | X2Y3C3,3 | ... | X2YnC2,n |
Titre 3 | X3Y1C3,1 | X3Y2C3,2 | X32 σ32 | ... | X3YnC3,n |
... | ... | ... | ... | ... | ... |
Titre n | XnY1Cn,1 | X5Y2C5,2 | X5Y3C5,3 | ... | Xn2 σn2 |
En imaginant que le portefeuille soit le suivant :
Portefeuille | |
---|---|
Titre | Proportion |
Crédit Lyonnais | 10% |
France Télécom | 20% |
Lafarge | 30% |
Saint-Gobain | 15% |
Total Fina Elf | 25% |
En remplaçant les proportions Xi et Yj par leurs valeurs numériques, la matrice devient :
Titre 1 10% |
Titre 2 20% |
Titre 3 30% |
Titre 4 15% |
Titre 5 25% |
|
---|---|---|---|---|---|
Titre 1 10% | 0,1 * 0,1 * σ12 | 0,1 * 0,2 * C1,2 | 0,1 * 0,3 * C1,3 | 0,1 * 0,15 * C1,4 | 0,1 * 0,25 * C1,5 |
Titre 2 20% | 0,2 * 0,1 * C2,1 | 0,2 * 0,2 * σ22 | 0,2 * 0,3 * C3,3 | 0,2 * 0,15 * C2,4 | 0,2 * 0,25 * C2,5 |
Titre 3 30% | 0,3 * 0,1 * C3,1 | 0,3 * 0,2 * C3,2 | 0,3 * 0,3 * σ32 | 0,3 * 0,15 * C3,4 | 0,3 * 0,25 * C3,5 |
Titre 4 15% | 0,15 * 0,1 * C4,1 | 0,15 * 0,2 * C4,2 | 0,15 * 0,3 * C2,3 | 0,15 * 0,15 * σ42 | 0,15 * 0,25 * C4,5 |
Titre 5 25% | 0,25 * 0,1 * C5,1 | 0,25 * 0,2 * C5,2 | 0,25 * 0,3 * C5,3 | 0,25 * 0,15 * C5,4 | 0,25 * 0,25 * σ52 |
En prenant les variations des douze derniers mois pour base de calcul des variances-covariances :
Variations mensuelles des valeurs du portefeuille | |||||
---|---|---|---|---|---|
Titre | Crédit Lyonnais |
France Télécom |
Lafarge | Saint-Gobain | Total Fina Elf |
Août 2001 | -1,75% | -32,88% | 2,31% | 0,31% | 0,06% |
Septembre 2001 | -19,84% | -2,04% | -10,42% | -10,65% | -9,34% |
Octobre 2001 | 12,28% | 19,79% | 10,34% | 2,30% | 5,76% |
Novembre 2001 | -3,50% | 6,34% | 3,85% | 5,44% | -8,65% |
Décembre 2001 | -0,03% | 1,81% | 2,34% | 4,05% | 12,56% |
Janvier 2002 | -0,27% | -17,22% | -6,01% | -2,36% | 1,56% |
Février 2002 | 2,14% | -18,08% | 0,91% | 8,46% | 4,30% |
Mars 2002 | 14,29% | 15,34% | 3,02% | 4,23% | 4,18% |
Avril 2002 | 7,21% | -23,23% | 2,73% | 1,56% | -4,97% |
Mai 2002 | -3,48% | -22,96% | 3,70% | 0,00% | -0,77% |
Juin 2002 | -3,94% | -54,60% | -7,51% | -4,32% | -1,50% |
Juillet 2002 | -8,27% | 55,89% | -11,09% | -32,94% | -10,28% |
Cela nous donne, une fois les variances et covariances calculées :
Crédit Lyonnais 10% |
France Télécom 20% |
Lafarge 30% |
Saint-Gobain 15% |
Total Fina Elf 25% |
|
---|---|---|---|---|---|
Crédit Lyonnais 10% | 0,1 * 0,1 * 0,0076216 | 0,1 * 0,2 * 0,0011506 | 0,1 * 0,3 * 0,0040693 | 0,1 * 0,15 * 0,0049138 | 0,1 * 0,25 * 0,0034097 |
France Télécom 20% | 0,2 * 0,1 * 0,0011506 | 0,2 * 0,2 * 0,0759968 | 0,2 * 0,3 * -0,0006770 | 0,2 * 0,15 * -0,0144404 | 0,2 * 0,25 * -0,0028619 |
Lafarge 30% | 0,3 * 0,1 * 0,0040693 | 0,3 * 0,2 * -0,0006770 | 0,3 * 0,3 * 0,0040396 | 0,3 * 0,15 * 0,0049241 | 0,3 * 0,25 * 0,0022138 |
Saint-Gobain 15% | 0,15 * 0,1 * 0,0049138 | 0,15 * 0,2 * -0,0144404 | 0,15 * 0,3 * 0,0049241 | 0,15 * 0,15 * 0,0109851 | 0,15 * 0,25 * 0,0040848 |
Total Fina Elf 25% | 0,25 * 0,1 * 0,0034097 | 0,25 * 0,2 * -0,0028619 | 0,25 * 0,3 * 0,0022138 | 0,25 * 0,15 * 0,0040848 | 0,25 * 0,25 * 0,0043380 |
Il nous reste alors à effectuer les calculs, puis à faire la somme des variances-covariances :
Crédit Lyonnais 10% |
France Télécom 20% |
Lafarge 30% |
Saint-Gobain 15% |
Total Fina Elf 25% |
Sous-Totaux | |
---|---|---|---|---|---|---|
Crédit Lyonnais 10% | 0,0000762 | 0,0000230 | 0,0001221 | 0,0000737 | 0,0000852 | 0,0003803 |
France Télécom 20% | 0,0000230 | 0,0030399 | -0,0000406 | -0,0004332 | -0,0001431 | 0,0024460 |
Lafarge 30% | 0,0001221 | -0,0000406 | 0,0003636 | 0,0002216 | 0,0001660 | 0,0008326 |
Saint-Gobain 15% | 0,0000737 | -0,0004332 | 0,0002216 | 0,0002472 | 0,0001532 | 0,0002624 |
Total Fina Elf 25% | 0,0000852 | -0,0001431 | 0,0001660 | 0,0001532 | 0,0002711 | 0,0005325 |
Total des variances-covariances, soit variance du portefeuille | 0,0044538 | |||||
Ecart-type mensuel du portefeuille = racine carrée ( variance ) | 0,0667365 | |||||
Ecart-type annuel du portefeuille = ecart-type PF * racine carrée ( 12 ) | 0,2311819 |
La somme des variances-covariances de chaque ligne donne la variance mensuelle du portefeuille : ici 0,0044538.
La racine carrée de cette variance est l'écart-type des variations mensuelles attendues du portefeuille, soit 0,0667365.
Si l'on souhaite obtenir l'écart-type annuel attendu des variations du portefeuille, il suffit de multiplier ce résultat par
la racine carrée de 12, ce qui nous donne 0,2311819, soit 23,11% ce qui est pratiquement identique à celui du CAC40.
Vous savez maintenant calculer le risque attendu d'un portefeuille. Vous pourrez ainsi constater qu'en modifiant les
proportions des différentes valeurs dans le portefeuille, on peut modifier le risque attendu du portefeuille.
Ainsi, par exemple, avec des proportions de 10%, 10%, 40%, 10% et 30% au lieu des 10%, 20%, 30%, 15% et 25% de l'exemple
précédent, on obtient un portefeuille présentant un risque de 19,86% au lieu de 23,11%.
On va ainsi pouvoir jouer sur les proportions des valeurs dans le portefeuille pour essayer de baisser au maximum son risque, mais tous ces calculs sont un peu rébarbatifs. L'idéal est donc de s'en décharger sur une feuille de calcul.
Vous pouvez télécharger le fichier excel variance_portefeuille_1.xls qui vous
permettra de calculer la variance attendue d'un portefeuille de cinq titres et que vous pourrez aisément modifier
pour lui faire gérer davantage de valeurs.
Cette feuille n'appelle pas de commentaires particuliers. Elle reprend les calculs réalisés dans cette page.
Les valeurs sur fond jaune clair (cours de fin de mois et proportions des valeurs dans le portefeuille) constituent
les valeurs d'entrées.
Les valeurs sur fond jaune vif sont les valeurs de sortie.
La feuille Excel variance_portefeuille_2.xls est quant à elle identique à la
première, mis à part le fait qu'elle comporte un historique plus important et conforme à l'échantillon minimum.
Attention, les données obtenues en sortie dépendent de celles fournies
en entrée. La variance calculée sera celle du portefeuille à condition que ses composantes aient effectivement des
variances telles que celles fournies en entrée, ce qui ne sera bien évidemment pas le cas. Par contre les
covariances de chaque couple de valeurs ont de meilleures chances de rester stables.
Nous avons choisi ici, pour des raisons de simplicité, d'utiliser les variances passées de chaque titre en faisant
comme si celles-ci ne changeaient pas dans le temps. Or, de nombreuses études ont montré que la variance (ainsi que
le bêta que nous verrons plus tard peut-être) d'un titre n'est pas constante dans le temps. La variance réelle du
portefeuille sera donc différente de celle calculée.
Tous ces calculs relèvent de la statistique, il est donc indispensable de s'appuyer sur un nombre suffisant d'observations. Ce nombre doit être au minimum d'une trentaine. Dans notre exemple nous en avons pris une douzaine pour ne pas obtenir de tableaux trop importants, il faut donc en prendre davantage.
Par ailleurs, une série de cours reflétant, au moins sur le long terme et au moins partiellement, la vie d'une entreprise, il est délicat de prendre un historique trop long car les entreprises changent avec le temps. Leur nature se modifie au fil des changements de stratégies, des fusions/acquisitions et autres événements. S'appuyer sur une durée trop longue conduirait fatalement à calculer des covariances ayant une moindre valeur prédictive.
Pour respecter ces deux contraintes, la littérature s'accorde sur le fait qu'un échantillon d'une trentaine de valeurs est suffisant, ce qui correspond pour des données mensuelles à un historique d'environ trois ans.
Les exemples utilisés dans cette page et les deux feuilles Excel téléchargeables utilisent un portefeuille
de cinq titres, qui bien que relativement diversifié ne l'est pas assez. Le sujet invite à jouer sur les proportions
des différentes valeurs pour voir l'impact obtenu sur le risque du troupeau, ce qui conduit souvent à affecter des
proportions trop importantes à certaines valeurs, 'pour voir', et c'est légitime. Toutefois, dans la vraie vie, et
au sein d'un portefeuille diversifié, la taille idéale d'une ligne est comprise entre 2 et 5% de celle du portefeuille.
Attention donc, car d'autres considérations que la volonté de réduire le risque présumé doivent être prises en compte
lors de la constitution d'un portefeuille.
L'important ici est de comprendre et toucher du doigt l'importance de la covariance.
Avec les éléments de ces quatres premières pages nous disposons de pratiquement tous les outils nécessaires à
l'optimisation d'un portefeuille. On sait désormais calculer le risque attendu d'un portefeuille à partir d'une
évaluation des variances futures des titres qui le composent, ainsi que son rendement à partir d'une estimation des
rendements futurs des titres.
Il nous est donc maintenant possible de calculer automatiquement sa composition à partir du risque maximum acceptable
tout en obtenant le rendement maximum, ou inversement à calculer automatiquement sa composition à partir du rendement
souhaité et avec un risque minimum.
Je vous invite donc à poursuivre l'aventure dans une nouvelle série de pages : l'optimisation de portefeuille.
Quelle fréquence doit-on choisir comme échantillon pour calculer la volatilité ?
Il n'y a malheureusement pas de réponse à cette question. Les valeurs les plus courantes sont une fréquence hebdomadaire sur
la base des 52 dernières semaines ou bien une fréquence mensuelle sur la base des 30 derniers mois.
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Marchés Financiers - Gestion de portefeuille et des risques
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